S’il y a un sujet de conversation universel entre coureurs/coureuses, c’est bien les chaussures. Vous voulez aborder une personne et briser la glace, vous ferez mouche à coup sûr en lui demandant le modèle des souliers qu’il porte et quel est son niveau de satisfaction.
Pour l’immense majorité des coureurs, il se développe avec le temps une relation d’interdépendance avec les souliers. Pour certains, il s’agit d’un accessoire de mode et la couleur/style sont très importante. Pour d’autre, la marque de soulier fait partie de l’image qu’on désire projeter et des valeurs sous-jacentes. Cela ressemble étrangement à la relation « nord-américaine » entre l’homme et son automobile.
Quand j’ai commencé à courir, je dois dire que j’étais bien embêté à savoir quoi prendre comme chaussure. Comme tout bon débutant, je suis allé dans un magasin à grande surface et je me suis acheté une chaussure pas trop cher, ni trop bon marché. Cette paire m’a duré 1 an, et je n’ai pas trop souffert. Pour la 2e paire, je me sentais plus en confiance pour demander l’aide d’un vendeur, surtout que j’avais commencé à lire des revues comme Runner’s World et pris note des nombreuses publicités. Cela s’est bien passé, j’ai pris une chaussure du même fabriquant que la première fois (Asics) et elle m’a duré environ 1 an. La 3e paire, je pensais faire un bon deal en achetant une chaussure en solde dans le même magasin de grande surface. C’était un modèle du même fabriquant mais probablement pour corriger la pronation ou supination, car après 10 minutes, j’avais mal à la plante des pieds. Après 2-3 sorties, j’ai tenté de les retourner au magasin et on m’a refusé un échange ou remboursement avec prétexte qu’elles étaient déjà usées… Ce fut la dernière fois que j’ai acheté des souliers dans un Sport Experts.
J’ai par la suite fréquenté une boutique canadienne spécialisée dans la course à pied. Quoique le choix des modèles était significativement plus restreint qu’une grande surface, il me semblait que chaque modèle offert avait été soigneusement sélectionné. C’est là que j’ai fait la connaissance des Brooks avec lesquels je suis resté fidèle pendant plusieurs années.
Après avoir le classique « Born to run » faisant l’apologie du minimalisme, j’ai voulu essayé de courir plus mince et plus léger, et je me suis intéressé à la série « Pure » de Brooks. Au fil des mois, j’ai pris chaussures de plus en plus minces et souples. En parallèle, mes performances s’amélioraient. Était-ce dû à un meilleur entraînement ou encore les chaussures? Probablement une combinaison des deux…

Avec la découverte des courses d’ultra et des courses en trail, mes choix de chaussures sont devenus de plus en plus éclectique : cela allait de Brooks Pure Drift jusqu’à des Hoka One One en passant par des Salomon S-Lab. Au lieu d’être cantonné dans un seul type de chaussure, le fait d’être constamment en adaptation d’un soulier à l’autre à peut-être contribué à une meilleure adaptation de mon corps vs un stress répétitif. A l’heure actuelle, j’alterne 2 type de soulier de route et 2 paires de souliers de trail. Pour les magasins, j’ai laissé tomber Le coin des coureurs/Running Room, et je fréquente maintenant La Maison de la Course, une boutique québécoise spécialisée pas trop loin de la maison et dont le personnel comporte des coureurs qui parlent avec expérience et dont je suis en contact Strava avec certains. En passant, je n’ai que des bons mots pour la chaîne Running Room, c’est seulement une question d’affinité.

J’ai une confidence à vous faire : je n’aime pas magasiner de nouveaux souliers. C’est toujours une grande incertitude à savoir si un nouveau soulier va bien me faire et être confortable. Même si on prend exactement le même modèle d’un fabriquant, d’une année à l’autre les caractéristiques de fabrication de la chaussure vont changer. C’est très désolant, surtout quand on a trouvé le fit parfait avec un modèle précis et qu’on se rend compte que le manufacturer a non seulement changé les couleurs mais également le fit et comportement.
Si je pouvais me passer à acheter de nouveaux souliers, j’en serais plus heureux! Mais pourquoi une telle prise de position? Je dois vous avouer que ma période d’adaptation avec de nouveaux souliers est souvent difficile. Cela me prend parfois des semaines à souffrir, le temps que mon patron de course s’adapte. Par contre, une fois les souliers adaptés, je suis en mesure de courir près de 2,000km avant de recommencer le calvaire d’une nouvelle paire. Par exemple, quand j’ai acheté des Hoka modèle Huaka il y a 2 ans, j’avais toujours des douleurs au talon et sur les côtés des pieds après 20 minutes. J’ai continué à les porter régulièrement en alternant avec d’autres souliers, la douleur étant toujours présente. Finalement après plus de 6 mois, on dirait que le soulier s’est adapté à mon pied et c’est maintenant mes souliers préférés, quoique la semelle devient de plus en plus lisse.

Mes conclusions :
- La chaussure ne fait pas le coureur.
- Plus vous prendrez votre temps pour choisir, meilleures sont vos chances de succès.
- Si vous changez radicalement de type de chaussure (ex. de 12mm -> 4mm), attendez-vous à une période d’adaptation plus au moins longue.
- Avoir 2 paires de chaussures n’est pas un luxe. Au final, elles vont possiblement vous durer plus longtemps que si vous les aviez achetées une après l’autre. Tout comme votre corps, une chaussure a besoin de repos entre chaque sortie.
